Appel à communication

Les savoir-faire de la mode : matérialité et temporalité dans la longue durée

Pour proposer une communication, merci d’envoyer un résumé de 300 mots, accompagné d’une notice biographique de 50 à 100 mots avant le 15 juin 2024 à Ariane Fennetaux (ariane.fennetaux@sorbonne-nouvelle.fr) et Emilie Hammen (emilie.hammen@univ-paris1.fr).

 

Appel à communication

Colloque international

Paris, Sorbonne-Nouvelle / Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Dans le cadre du programme de recherche financé par Sorbonne Alliance

28-30 novembre 2024

Sous la responsabilité scientifique d'Emilie Hammen, Paris 1 (HiCSA) et d'Ariane Fennetaux, Sorbonne-Nouvelle

 

Si la mode, comme phénomène, est intrinsèquement liée au temps, au changement et à la notion d’éphémère, la temporalité des savoir-faire sur lesquels elle repose est bien moins fréquemment analysée. Comment peut-on ainsi considérer les liens entre le temps et le faire ? Les savoir-faire, les gestes et les savoir-incarnés dont dépend le renouvellement des formes ne s’inscrivent-ils pas dans une temporalité spécifique, un temps long du faire qu’il convient de questionner ? Qu’apporte à notre compréhension de la mode et du vêtement cette vision dans le temps des savoir-faire sur lesquels ils reposent ?

Ancré dans la très longue durée avec une chronologie volontairement étendue allant de l’Antiquité à la période la plus contemporaine, le colloque entend considérer les temps de la production et de la consommation autant que ceux de l’acquisition et la transmission des savoir- faire ou ceux de la patrimonialisation des objets de mode.

La temporalité de la production des objets de mode pourra être abordée à travers l’étude des modes de fabrication, la mise au point de techniques ou d’outils visant à accélérer la réalisation de ceux-ci. À l’inverse, le temps incompressible, nécessaire à la réalisation de certaines techniques artisanales telles que la dentelle, le tissage manuel ou la teinture végétale pourra utilement rentrer en tension avec la recherche de l’efficacité citée plus haut. Mécanisation, travail de la main et rapport changé aux temps du faire ne sont pas simplement des questions liées à la révolution industrielle mais se posent à d’autres moments de la longue histoire des savoir-faire des apparences, qu’il s’agisse de textile, de chapellerie ou cordonnerie, du travail des plumes, de la fourrure ou du cuir, ou encore de celui des bijoux ou d’autres accessoires.
Réintégrer la mode dans sa matérialité permettra aussi d’interroger le temps long de la consommation en s’intéressant aux savoir-faire liés au recyclage, transformations ou réparations qui ont été mises en œuvre depuis le moyen-âge. Reprises, réparations, reteintes ou remises au goût du jour des tenues constituent des savoir-faire spécifiques qui n’ont pas toujours été étudiés par les spécialistes de la consommation vestimentaire.

Les techniques manuelles spécialisées telles que la chapellerie, la ganterie, la cordonnerie, broderie, la dentelle, la teinture, l’ennoblissement, réalisation de plissés, de fils d’or ou de fleurs artificielles, le travail du cuir, du feutre ou des plumes sont des savoir-faire qui ont traversé le temps. Alors qu’ils sont parfois présentés comme intemporels ou étant restés inchangés à travers les siècles, on pourra interroger la temporalité spécifique dans laquelle ces techniques – et leur transmission – s’inscrivent : une temporalité faite de continuité autant que d’adaptations et d’innovations. Une temporalité en but aussi à la question de la survivance des savoir-faire à l’heure où la disparition des lieux de formation ou de transmission autant que le tarissement des vocations entraînent un réel risque d’extinction de gestes parfois millénaires.

L’entrée au musée qui inaugure quant à elle, pour les artefacts, un nouveau rapport au temps constitue une autre piste de réflexion. En les soustrayant à leur vie d’usage, le cadre muséal les inscrit dans une temporalité nouvelle où la question des mémoires collectives, de la formation des patrimoines mais aussi de la conservation rentrent parfois en tension.

Le colloque invite des contributions d’archéologues, d’historiens, d’historiens de l’art, d’anthropologues ou de spécialistes de la conservation-préventive, ou d’archivistes. En s’intéressant à la variété des sources, aux enjeux de leur préservation comme aux formes de leur médiation, il s’ouvre également aux spécialistes de la littérature, de la photographie ou du cinéma qui interrogent dans leurs travaux les nombreuses représentations du travail, autant qu’il invite muséologues et muséographes à réfléchir aux enjeux spécifiques que soulèvent les savoir-faire dans le cadre de l’exposition « de mode » – comment faire savoir des savoir-faire qui souvent par essence relèvent de gestes et savoir incarnés. Par-delà le cercle universitaire, le projet vise aussi à impliquer praticiens et professionnels, que ce soit dans le domaine du patrimoine (conservateurs, curateurs, restaurateurs…) ou celui de l’artisanat ou encore des acteurs des ateliers ou maisons de mode actuelles.