Le baron Davillier, un travailleur de la curiosité

Peut-on envisager le rôle du collectionneur sous l'angle de la carrière ? Cet ouvrage nous invite à le penser, avec l'exemple du baron Jean-Charles Davillier (1823-1883), auteur d'une œuvre savante sur l’histoire des arts décoratifs espagnols, et collectionneur à l’origine d’un legs important aux musées nationaux.
Constituer une collection, acquérir et revendre les œuvres, les exposer, en faire don aux musées, écrire sur les objets, animer une sociabilité artistique ou encore entretenir des réseaux marchands : le baron participe à l’élaboration de pratiques partagées par une communauté collectionneuse et savante, et contribue à leur professionnalisation.
En adoptant plusieurs focales qui mettent en lumière différents moments de la carrière de Davillier, Élodie Baillot étudie la formation des grandes collections européennes au XIXe siècle et s’intéresse à la question des savoirs « amateurs » produits en marge de l’institution universitaire dans le champ de l’histoire de l’art, à l’époque de sa genèse et de son institutionnalisation en Europe.

  • Sommaire

    Remerciements

    Préface

    Abréviations

    Introduction

    Pour une histoire transnationale du collectionnisme
    Pour une économie des pratiques et des savoirs de l'histoire de l’art

    Aristocrate, amateur éclairé et hispanophile

    La collection, nouveau paradigme de légitimation de l’aristocratie au xixe siècle ?

    Les Davillier, une famille de banquiers et d’industriels

    Banquiers et industriels de père en fils
    Jean-Charles Davillier, troisième baron du nom

    Davillier et les milieux artistiques parisiens

    Davillier à l’atelier
    La faïence de Moustiers et l’éveil d’un goût pour le commerce de l’art
    Les premières expositions de l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie

    Davillier et l’Espagne, de la vision romantique à l’objet d’étude

    Contexte des premiers voyages
    Davillier et Gustave Doré en Espagne
    Les « lundis du baron Davillier »

    L’Espagne objet de tous les regards. La structuration d’un marché des arts décoratifs espagnols

    Pour une approche transnationale du marché des arts décoratifs espagnols

    Perspectives transnationales et désirs d’Espagne

    L’impulsion donnée par le South Kensington Museum
    L’ambassade britannique à Madrid, un lieu stratégique
    Lady Charlotte Schreiber en Espagne ou les effets d’une conjoncture

    Destins d’objets. Circulations entre collections privées, marchés et musées

    La vente des bijoux du trésor de la cathédrale Nuestra Señora del Pilar de Saragosse (1870)
    Découvertes archéologiques et constitution des collections
    Acteurs et réseaux d’échanges

    Mariano Fortuny y Marsal et la fabrique de l’histoire de l’art espagnol

    Davillier et Fortuny, une amitié interrompue
    Les arts décoratifs espagnols à la vente de la collection Fortuny à Paris (1875)
    Davillier et la fortune critique de Fortuny

    La construction d’un savoir historique entre labeur et passion

    Pour une économie du savoir sur les arts décoratifs espagnols au xixe siècle

    Pour une économie morale du collectionnisme

    De l’objet de curiosité au document de l’historien
    Le baron Davillier et le comte de Valencia de Don Juan, poétique d’une amitié éclairée
    Garantir la vérité d’un récit savant

    La circulation de la documentation historique au sein d’une communauté savante

    Collectionner le document
    Préserver et diffuser les archives espagnoles
    L’appropriation du patrimoine d’Ancien Régime par les documents

    Les arts décoratifs espagnols dans les expositions et les revues

    Un rendez-vous manqué : Davillier et le rachat de la Gazette des beaux-arts en 1872
    L’Exposition universelle de Paris (1878)
    La Special Loan Exhibition of Spanish and Portuguese Ornamental Art du South Kensington Museum (1881)

    L’historiographie des arts décoratifs espagnols entre l’universel et le national

    Patrimoine de soi, patrimoine de l’autre. D’une vision encyclopédique à une vision nationale ?

    Un savoir entre histoire de l’art, archéologie et orientalisme

    Davillier et l’Histoire des faïences hispano-moresques à reflets métalliques (1861)
    Controverses savantes : Majorque et les fabriques de faïences hispano-mauresques
    La céramique espagnole : un corpus pour l’archéologie et l’histoire de l’art

    Écrire une histoire de l’art céramique

    L’œuvre inachevée : Davillier et son histoire de la céramique espagnole
    Davillier et la primauté supposée de l’art italien
    L’histoire des arts décoratifs entre art, civilisation et société : le prisme de l’art céramique

    Des collections d’arts industriels aux musées d’arts décoratifs

    Davillier et ses collections d’art italien et français
    Collectionneurs et conservateurs : évidences et paradoxes d’une relation
    L’affaire du legs Davillier
    Le legs Davillier et la place des arts décoratifs dans les musées français

    Conclusion

    Qu’est-ce qu’un travailleur de la curiosité ?